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Événement climatique : année 2010


 

xynthia

Dépression Xynthia le 27 février 2010 à la mi-journée. Image satellite Eumetsat

 

 

Tempête Xynthia : une tempête meutrière liée à une conjonction de phénomènes

 

Dans la nuit du samedi 27 février au dimanche 28 février 2010, une puissante tempête a traversé la France au moment où les coefficients de marées étaient les plus élevés. Avec un creux à près de 967 hPa, la forme de cet enroulement nous révèle la rareté d'une telle dépression sur notre pays. Il est 16h ce samedi 27 février, une vigilance rouge est enclenchée pour la Vendée, les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime ainsi que la Vienne. Une mise en garde est donnée par Météo-France pour une éventuelle surélévation du niveau de la mer sur la côte Atlantique.
 
 
Un peu plus tard dans la soirée, la tempête Xynthia se positionne sur la pointe de la Corogne avec une pression en son centre de l'ordre de 970 hPa. En cours de nuit, cette dépression s'apprête à remonter vers le nord pour toucher notre pays, comme dit précédemment vers la Vendée. A partir de là, les choses commencent à s'agiter sur notre pays, les vents se déchaînent sur les Pyrénées avec des rafales souvent au-dessus de 200 km/h dans les vallées bien orientées. C'est d'ailleurs pendant l'épisode de foehn que l'on comptabilisera la première victime de la tempête Xynthia du côté de Luchon.
 
 
Cet épisode de foehn occasionne une montée brusque de la température dans plusieurs villes du sud. Nous pouvons prendre l'exemple de la ville de Pau où la température a subitement gagné 11 degrés en une heure en passant de 13 degrés à 20h30 à 24 degrés à 21h30. Quant à l'humidité, cette dernière est passée de 72 % à 29 %. Nous citons ici un seul exemple, mais d'autres villes ont connu le même phénomène.
 
 
Vers 22 heures, la dépression continue sa route en traversant le Golfe de Gascogne (pression mesurée à 969 hPa). Un peu plus tard vers minuit, la tempête Xynthia continue son chemin et arrive au niveau de l'embouchure de la Loire avec un centre dépressionnaire aux alentours de 969 hPa. Les premières rafales dépassent les 100 km/h sur les côtes charentaises ainsi que sur le nord de la région Aquitaine.
 
 
Vers 2 heures du matin, les éléments se déchaînent avec une rare violence sur les Pays de la Loire, des rafales dépassant les 150 km/h sont relevées. En conjugaison avec un fort coefficient de marée, les premiers dégâts sont relevés à la Faute sur Mer, à l'Aiguillon sur Mer ainsi qu'aux Sables d'Olonne où le remblai est en partie détruit. A noter également que le vent souffle désormais à plus de 100 km/h dans les terres, par exemple à La Roche-sur-Yon ainsi qu'à Bordeaux.
 
 
Il est 3 heures du matin, la tempête atteint son paroxysme sur les régions en vigilance rouge avec des rafales comprises entre 100 et 150 km/h.
 
 
Vers 4 heures du matin, les températures sont remarquablement douces car la dépression apporte une advection importante d'air doux. Ainsi nous relevons plus de 16 degrés dans les régions centrales au beau milieu de la nuit et jusqu'à 19 degrés aux pieds des Pyrénées ainsi que des Alpes sous l'effet d'un remarquable foehn. La réactualisation de la vigilance de Météo-France laisse les départements concernés en vigilance orange et rouge, sauf près de la région Rhône-Alpes où la situation s'apaise peu à peu. La tempête a fait grossir les cumuls de pluie dans la région bretonne, néanmoins les fortes marées empêchent les écoulements de celle-ci, quelques départements sont donc placés en vigilance crue. Le creux dépressionnaire est en plein milieu de la Bretagne avec un minimum de 969 hPa observé.
 
 
En début de matinée de dimanche, aux alentours de 6 heures, les violentes rafales progressent dans les terres notamment dans la région Centre où l'on relève des rafales à plus de 120 km/h. Les victimes se multiplient au petit matin, notamment dans les régions proches du littoral qui ont vécu la surcote. La situation économique devient gravement touchée, une cellule de crise est enclenchée dans tous les aéroports de France y compris ceux de Paris. Le trafic ferroviaire est lourdement perturbé dans l'Ouest, certaines lignes resteront fermées toute la journée.
 
 
Entre 7 heures et 11 heures, les vents se décalent comme précédemment dit lentement vers l'Est, on observe ainsi des rafales extrêmement rares dans les terres avec des pointes à plus de 130/140 km/h en Bourgogne ainsi qu'en Champagne-Ardenne. Il va être midi, les médias sont en crise et essaient d'avoir le maximum d'informations sur cette tempête ainsi que sur les dégâts occasionnés par celle-ci. Le profil de la tempête est très vite établi, des dizaines de victimes, plus d'un million de foyers dans le noir complet. On relève les dernières fortes rafales en début d'après-midi avant que la tempête ne se décale vers le Benelux et soit complètement en dehors de notre territoire. Des dégâts matériels sont observés un peu partout d'une bande allant des Pays de la Loire à la région Alsacienne en passant par les régions centrales.
 
 
Plus tard dans l'après-midi, ce sont les régions allemandes qui connaîtront à leur tour le déchaînement de ce temps fortement instable et perturbé. Des rafales à plus de 160 km/h seront observées.
 
 
 
 
Bilan de cette tempête
 
Elle fût catastrophique pour l'économie française, et notamment sur le littoral vendéen où les dégâts ont été majeurs dans les 2 communes. Cette tempête a permis à Météo-France de revoir son système d'alerte et d'inclure la vigilance « surcôte » peu de temps après.
De nombreuses questions restent encore en attente sur ce qui aurait pu être évité, sur la communication qui fût sans doute trop tardive, et une anticipation qui a été beaucoup trop médiocre par les services français en général. Les dégâts se comptent en millions d'euros, elle fût la tempête la plus meurtrière depuis celle de 1999 (47 morts).
Un procès s'est tenu au tribunal de grande instance des Sables d'Olonne afin de trouver d'éventuels fautifs dans le domaine du bâtiment et dans un niveau jugé administratif. De nombreuses familles cherchent encore aujourd'hui des réponses à ce qui s'est passé cette nuit là et surtout à savoir comment cet épisode dramatique aurait pu être évité. Le 12 février 2018, le tribunal administratif de Nantes a condamné la commune de la Faute-sur-Mer, l’Etat et l’association syndicale en charge de l’entretien de la digue à indemniser les victimes.
 
 
Le changement climatique induit une montée des eaux qui s'annonce inévitable. Ce sujet en induit d'autres, notamment sur l'anticipation que devrait avoir l'état sur cette augmentation du niveau de la mer.

 

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